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Un Regard sur une spécificité culturelle : la polychromie des façades alsaciennes.
Pourquoi les façades et de quel point de vue
On dit souvent que les fenêtres sont les yeux de la maison... La façade en serait donc le visage, endroit où s'expriment les émotions, base de la reconnaissance des autres et donc de l'identité... Le choix des façades est bien évidemment influencé par le phénomène de coloration en lui-même, mais il y a aussi de la métaphore de l'être humain, une sorte de transposition de l'homme à la maison. Du point de vue du piéton, la façade appartient à l'habillage de la rue, du village, de la ville. Elle est conçue pour être vue, contrastant ainsi avec le domaine privé. La façade entre dans l'espace public communautaire et marque peut-être un degré d'insertion et d'investissement dans la communauté.
Dis-moi ta couleur ... je te dirai qui tu es
- Une démarche récente
- Tout se colore en Alsace
- La coloration jusqu'au lotissement
Désormais perçue comme ancestrale, la pratique de la coloration des façades date pourtant seulement des années 1980. La première façade peinte, en 1979, est strasbourgeoise et, étonnamment, a été très critiquée par tous.
La coloration atteint les façades des maisons anciennes, mais le phénomène touche, fait surprenant, également l'architecture récente qu'on aurait pu croire décidée à se mettre en rupture avec la tradition.
La coloration se base sur deux phénomènes sinon opposés, profondément différents, qu'elle se place au coeur des villes ou dans les lotissements. Les maisons anciennes des centre-villes s'intègrent à la tradition, oeuvrant ainsi pour l'Alsace, son tourisme, son folklore. Les lotissements prennent position face à la couleur d'une manière différente. La tradition colorée y est détournée pour laisser libre cours à l'extravagance des habitants, qui manifestent une réelle fierté du choix de couleur de leur façade.
L'imaginaire et le traditionnel
Comme l'Homme, le paysage a une histoire. Celui de l'Alsace ouvre la question de la folklorisation et de la fabrication d'identité culturelle. L'appartenance régionale se marque dans l'habitat, une région témoigne de son identité par sa façon de construire, de décorer comme de parler.
Il est intéressant de poser la question de la représentation de l'individu à travers le choix des couleurs, des ornements. Depuis longtemps rattachée à des émotions, la couleur s'est toujours vue prêter des capacités à véhiculer des sentiments. Lorsque le choix est possible, l'Alsace permettrait ainsi à l'individu d'exprimer plus que son identité régionale, sa personnalité.
Lors de notre première enquête nous avons pu observer différents agréments de façades. Ces motifs et décorations, peuvent se regrouper en différentes tendances « micro-locales ». Il est peu être périlleux de faire l'adéquation entre ces nouveaux types d'agréments de façades et la tradition héraldique en Alsace ; cependant ces motifs contemporain véhiculent d'une certaine manière « les armes de la maison ».
- Le fantastique
- Le bestiaire
- Le cartouche « grimoire »
- Le motif rural
Venant des jardins et des légendes, les objets s'accrochent aux balcons, renvoyant à l'enchantement des contes de fées.
Animaux de la forêt, de la rivière. Oiseaux.
Le cerf , la cigogne, le rossignol, le bouf, le cheval.
Les personnages objets :
les grenouilles, les vaches, les ours, voire les ours en peluche.
Nous avons également remarqué la présence de cartouches racontant l'histoire de la construction des maisons, dates, anecdotes des constructeurs et de ceux qui en ont demandé la construction. Ici, la maison, au travers de sa façade, est ouverte sur le monde, sur le passé et l'Histoire.
Dans les régions agricoles, les façades s'ornent d'objets du quotidien, révélant le passé et la condition sociale des anciens habitants. La culture est plus paysanne, affichant fléaux, fourches et scènes de labour peintes. C'est l'individu et la réalité de la région qui se manifestent sur les façades.
